Cette statue datant de l'époque gallo-romaine est arrivée en 1863 au musée de La Cour d'Or, à la suite de l'achat par Napoléon III d'une partie de la collection du marquis de Campana (1809-1880).

Né dans une famille aristocratique au service du Vatican, Giampietro Campana était un véritable passionné d'archéologie et d'art : pour enrichir son imposante collection, il n'a eu de cesse d'acheter d'innombrables oeuvres d'artistes italiens ou de financer des fouilles archéologiques. Accusé cependant de détournement de fonds, le marquis de Campana vit sa collection saisie en 1857 par le Vatican, puis vendue.


Cette oeuvre à taille réelle, sculptée dans du marbre d'Italie, représente une femme richement vêtue et coiffée. Elle est habillée d'une longue tunique aux manches à crevées (l'espacement des boutons laisse apparaître ponctuellement le vêtement du dessous). Une ceinture est nouée sous sa poitrine, générant une multitude de plis particulièrement marqués sur la tunique, donnant presque un « effet mouillé » au vêtement. Un large et ample manteau vient couvrir le tout : il passe sous le bras droit de la femme, cache son bras gauche et tombe en formant des plis en cascade sur la cuisse. À ses pieds, elle porte des sandales de cuir.
 

Sa coiffure est dégagée dans la nuque. Au sommet du crâne, les cheveux sont séparés par une raie médiane et prennent la forme de mèches ondulées, voire frisées à l'aide d'un fer chauffé. Un diadème, noué au niveau de la nuque, vient compléter l'ensemble.

Ce type de coiffure se retrouve sur certaines monnaies à l'effigie de membres de la famille impériale : elle permet donc d'estimer la datation de cette oeuvre de la fin du IIe ou au début du IIIe siècle. La finesse des détails sculptés et l'origine de la pierre employée permettent quant à elles de rattacher cette statue à la production artistique de la péninsule italienne.
 
L'identité de la femme représentée est quant à elle difficile à établir. Il se pourrait s'agir d'une patricienne — une femme de haute lignée — représentée sous l'apparence d'une divinité : en effet, la présence d'une grappe de raisin dans la main de la femme a longtemps poussé les savants à voir dans cette figure féminine la nymphe Pomone, protectrice des jardins et des fruits.

Cependant, de récentes recherches ont montré que cette main et ces fruits avaient été rajoutés avant 1863 lors d'une restauration. Le mystère reste donc entier sur l'identité de la femme représentée…