Peinte sur un panneau de peuplier, cette scène religieuse attribuée au peintre Andrea Sabatini (vers 1480 — vers 1530) faisait initialement partie de la collection du marquis de Campana, avant que celle-ci ne soit saisie et vendue. Versé comme près de quatre-vingts autres oeuvres dans la collection du musée de La Cour d'Or, ce tableau d'une grande finesse se rattache à la tradition des madones florentines de Raphaël.

Principal propagateur du style de ce maître dans le Vice-royaume de Naples, Andrea Sabatini reprend la composition triangulaire des personnages caractéristique de Raphaël, le délicat modelé des chairs et des ombres ainsi que le visage doux et mélancolique de Marie. 
 
Au centre de l'oeuvre, la Vierge est assise, vêtue d'une robe rouge et d'un manteau bleu. Elle semble avoir suspendu la lecture du petit livre d'heures placé dans sa main gauche pour porter toute son attention vers les deux enfants qui l'accompagnent.

Le Christ, vêtu seulement d'un voile diaphane à peine perceptible, et assis sur un coussin posé sur les genoux de sa mère. Il se penche en avant et étend ses bras pour étreindre un enfant un peu plus âgé que lui qui s'apprête à l'embrasser en retour.

L'identité de ce petit saint nous est dévoilée grâce à ses vêtements, une peau de chameau retournée enserrée par un lien à la taille : il s'agit de Jean-Baptiste. Le bâton en forme de croix, posé sur le rebord de la fenêtre derrière les deux bambins est également un attribut de ce saint.

Ainsi cette peinture d'Andrea Sabatini illustre un thème apocryphe couramment représenté à la Renaissance : la rencontre durant leur petite enfance du Christ et de son cousin Jean-Baptiste. Les signes d'affection échangés contrastent avec la sévérité des visages des enfants préfigurant le sacrifice du Christ.  
 
Les deux fenêtres à l'arrière-plan ouvrent l'espace sacré et apportent lumière et profondeur. Les lignes de fuite de leurs embrasures, qui répondent au principe de la perspective, invitent l'observateur à un cheminement vers un paysage émaillé d'arbres, de collines et de voyageurs faisant route vers des cités fortifiées.